Les petites pannes de l’amour
La presse nous a habitués à une description idéale du déroulement de l’acte sexuel. Comme si entre deux partenaires amoureux tout se passait toujours harmonieusement et sans pépin. Pourtant l’acte amoureux peut parfois poser quelques petits soucis sans gravité. Afin d’en rire au lieu d’en faire une montagne, Dr. Sandrine Atallah répond à vos questions intimes les plus intimidantes.
« J’ai parfois une envie d’uriner pressante pendant que je fais l’amour. Cela est-il normal ? » Hiba, 32 ans
La principale cause de l’envie d’uriner pendant l’acte sexuel est la pression indirecte exercée par le pénis lors du mouvement de va et vient de la pénétration sur l’urètre. En effet, la stimulation de la paroi antérieure du vagin, derrière laquelle passe l’urètre, peut provoquer une légère irritation de ce dernier. Il s’agit souvent d’une fausse sensation. Néanmoins, prenez donc vos précautions en vidant systématiquement votre vessie avant et après l’acte amoureux. Surtout ne culpabilisez pas votre partenaire, la stimulation du mur antérieur du vagin est nécessaire au plaisir coïtal.
« Peut-on faire l’amour lorsqu’on a ses règles ? Mon mari travaille à l’étranger et nous ne nous voyons donc pas souvent. Parfois son séjour au Liban coïncide avec mes règles, court-on un risque si nous avons un rapport sexuel quand même ? » Jinane, 27 ans.
Chaque femme a un point de vue différent sur la question selon sa culture, ses habitudes et sa confession. Certaines n’envisageraient jamais d’avoir des rapports sexuels pendant cette période. Pour d’autres en revanche, avoir ses règles ne représente pas un obstacle en soit à l’acte amoureux. Il est vrai que si les règles s’accompagnent de troubles physiques comme des maux de ventre ou des migraines, il vaut mieux attendre que ces désagréments passagers disparaissent. Sinon, d’un point de vue médical, le sang des règles ne constitue pas un risque sauf en cas de maladies sexuellement transmissibles. Dans ce cas, le sang risque de favoriser la transmission de l’infection. Il est ainsi toujours important d’utiliser un préservatif. Enfin s’il n’existe pas de contre-indications médicales à proprement parler, la réticence d’un des partenaires est compréhensible et à respecter.
« Mon mari souffre d’une allergie au latex or la pilule m’est contre-indiquée. Nous ne voulons agrandir la famille tout de suite mais n’ayant pas encore eu d’enfants, mon gynécologue préfère éviter le stérilet. Avons-nous une alternative ? » Riwa, 23 ans
L’allergie au latex peut apparaître à tout age et représente une difficulté pour le port du préservatif, qui souvent est fabriqué à l’aide de cette matière. Cette affection peut entraîner des démangeaisons, rougeurs, brûlures et irritations apparaissant assez rapidement après le rapport sexuel. Dans certains cas extrêmes, un choc anaphylactique peut se produire. Heureusement des produits exempts de latex existent désormais. Ils sont à base de polyuréthane, tel le duron.
« Depuis mon accouchement, mon vagin produit parfois des bruits extrêmement embarrassant au changement de position. Existe-t-il un moyen pour éviter un tel embarras ? » Ghada, 33 ans
Il arrive parfois que pendant l’acte sexuel, des « flatulences vaginales » viennent troubler ces moments privilégiés et entraîner une gêne. En effet, le vagin peut se distendre à la suite d’un ou de plusieurs accouchements. Pendant l’acte sexuel, il n’entoure plus hermétiquement le pénis. De l’air peut donc entrer et en ressortir par le mouvement de va-et-vient ou dès que l’entrée de l’orifice est libre. Une solution à ce problème réside dans la « musculation » du vagin qui assurera une meilleure adhérence des parois au pénis. Cette rééducation périnéale peut se faire chez soi grâce aux exercices de Kegel ou chez une sage-femme ou chez un physiothérapeute à l’aide d’un stimulateur musculaire.
« J’ai toujours une peur panique de rester coincé dans le vagin de ma femme. Est-ce possible ? » Jihad, 31 ans
Oui cela est possible. L’on parle alors de « penis captivus ». Ce phénomène extrêmement rare résulte d’une contracture involontaire des muscles périnéaux entourant le vagin. Cette situation fort inconfortable a heureusement une solution. Il s’agit pour l’homme de procéder à un toucher rectal de sa partenaire. Par réflexe, cette dernière relâchera la contraction et libérera le pénis captif.
« J’ai ressenti une fois un vertige pendant l’orgasme. Depuis, j’ai peur de perdre connaissance et ne me laisse plus aller. Est-ce possible ? » Farida, 36 ans
Pendant l’orgasme même, une partie du sang afflue vers la zone génitale. Aussitôt après, il reflue dans tout le corps, parfois trop vite, d’où la sensation de vertige. Si vous avez des antécédents de malaise vagal, gardez une position couchée dans les minutes qui précèdent l’orgasme. Une perte de connaissance, bien que rarissime, sera ainsi évitée.
“Mon pote m’a raconté que lors de son premier rapport sexuel, il a ressenti une violente douleur et s’est mis à saigner. Sa partenaire a paniqué et s’est mise à crier. Un tel accident est-il possible ? Que s’est-il réellement passé avec lui ?” Jean, 18 ans
Lors de la première fois ou de rapports sexuels particulièrement énergétiques, certains hommes non circoncis expérimentent une mésaventure spectaculaire : la rupture du frein du prépuce. Cet accident sexuel, bien qu’il soit accompagné d’une douleur intense et d’un saignement abondant importants, est heureusement facilement pris en charge. A l’origine de cette expérience malencontreuse : un frein trop court qui peut se déchirer spontanément, rarement lors d’une masturbation mais plus fréquemment lors d’un rapport sexuel. La blessure provoquée par cette rupture est le plus souvent bénigne, une compression ferme d’une dizaine de minutes permet d’arrêter le saignement. Consulter ensuite un urologue est recommandé afin de régler définitivement le problème et éviter les risques de récidive. La solution est une petite intervention sous anesthésie locale appelée “plastie du frein”. Le chirurgien coupera alors un petit bout du prépuce afin d’allonger le frein. L’abstinence est alors le temps de la cicatrisation, c’est-à-dire pendant 3 à 4 semaines.
« Je suis mariée depuis peu et à chaque rapport je ressens des démangeaisons au niveau de mes organes intimes. Est-ce possible que je sois allergique au sperme de mon mari ? Si oui, est-ce qu’une grossesse est possible ? » Nayla, 28 ans
Bien qu’extrêmement rare, l’allergie au sperme pourrait être possible. A l’origine le plus souvent des symptômes locaux : irritation douloureuse, douleurs abdominales, gonflement de la zone génitale, démangeaisons intenses, elle est souvent confondue avec des infections sexuelles .Affectant principalement les femmes au début de leur vie sexuelle, elle se manifeste pendant ou dans les 5 minutes suivant le rapport sexuel. Outre l’abstinence, la prévention la plus efficace réside dans l’utilisation d’un préservatif lors des rapports sexuels. Certaines crèmes vaginales à bas de cromornes peuvent soulager les manifestations locales. En cas de projet d’enfant la désensibilisation par voie injectable ou vaginale peut donner de bons résultats faire disparaître l’allergie. Dans le cas contraire une insémination artificielle ou une désensibilisation pourrait être proposée. Notons enfin que changer de partenaire n’est pas une solution car l’allergie est indépendante de l’origine du sperme.
« Mon époux refuse de changer de position. A chaque fois que l’on essaie parce que j’insiste, il perd son érection. Il prétend que cela est lié à un accident qui lui est arrivé dans le temps. Il aurait soit disant été victime d’une fracture du pénis ! Comment cela serait-il possible ? » Doria, 33 ans
Malheureusement ce genre d’accident est réellement possible. Néanmoins, le mot fracture, bien qu’évocateur de l’ampleur de l’incident, n’est pas vraiment le terme adéquat, puisque aucun os n’est réellement brisé au niveau du pénis. Cette « fracture » du pénis est en général due à un faux mouvement lors d’un rapport sexuel assez énergique. Un claquement très sonore se produit suivi d’une douleur atroce : l’enveloppe rigide qui entoure le pénis, l’« albuginée », s’est déchirée. Par ailleurs, les testicules peuvent augmenter de volume et le pénis bleuit. Se diriger vers les urgences est alors une priorité. Il est aussi recommandé d’appliquer sur l’hématome de la glace enveloppée dans un linge le temps d’arriver à l’hôpital.
Rassurez-vous, si la prise en charge est rapide, cette mésaventure ne signe pas la fin d’une vie sexuelle épanouie. Un traitement exclusivement chirurgical doit être rapidement effectué afin d’évacuer l’hématome, réparer la déchirure et limiter les séquelles. Sans cette intervention, il existe des risques de complications : déformation de la verge, troubles de l’érection. A la suite de l’opération, quelques semaines sont nécessaires à une complète cicatrisation de la suture de l’albuginée.
Enfin, il est vrai qu’un tel accident peut s’avérer traumatisant et transformer les élans amoureux en de précautionneux échanges. Essayez de rassurer votre époux et de l’accompagner doucement. Si les cas de fractures du pénis restent rares, les cas de récidives le sont encore plus.
« Mon sexe dégage une odeur assez forte qui m’incommode lors des rapports sexuels. Quelle peut être la cause ? » Mira, 26 ans
L’odeur intime féminine varie naturellement selon le cycle menstruel. Elle est notamment plus prononcée après les règles mais elle n’est jamais désagréable en cas de bonne hygiène intime. Si l’odeur dont vous souffrez est nauséabonde, telle une odeur de poisson, augmentant après les rapports sexuels et ne cédant pas au lavage, vous souffrez sans doute d’une vaginose. Cette infection n’est pas sexuellement transmissible. Elle est due à un déséquilibre de la flore vaginale n’est pas en général accompagnée d’autres symptômes particuliers. Parfois, l’on peut constater des pertes plus importantes et légèrement grisâtres. Consultez votre gynécologue afin de confirmer le diagnostic et de suivre un traitement adapté en général rapidement efficace. Une autre origine possible d’une odeur vaginale tenace serait l’oubli d’un tampon dans le vagin. Le retirer suffit à résoudre le problème sans subir de graves conséquences si vous vous rattrapez vite !
Dr. Sandrine Atallah