Le fabuleux mythe du point G

Aborder la sexualité féminine sans s’intéresser au mythique point G serait faire fi d’une nouvelle préoccupation féminine aussi obsédante que frustrante. En effet, si presque toutes le recherchent-éperdument- en quête de ses merveilleuses promesses, il reste une grande inconnue pour la majorité de la gente féminine et… masculine bien entendu. Les femmes méconnaisseraient-elles donc tant leur corps ou comme le prétendent certains cet  interrupteur magique n’aurait-il jamais existé ?

Clitoridienne ou vaginale ? L’éternel débat

Rappelons-nous le débat permanent entre plaisir clitoridien et plaisir vaginal. Déjà pour Freud, le clitoris n’est qu’un sous-pénis, qui ne sert qu’à la sexualité infantile. Quand elle accède à la sexualité adulte, la femme se servira du vagin. Freud ayant écrit, par ailleurs, que la sexualité féminine était un continent inexploré, ses propos en sont relativisés, et par ailleurs remis en question par une meilleure connaissance de la sexualité féminine. Cependant, ces déclarations de Freud n’avaient pas empêché des milliers de femmes de suivre les thèses de Marie Bonaparte et de se faire mutiler… Cette psychanalyste proche de Freud faisait la promotion de l’intervention chirurgicale dite de fixation clitoridienne réalisée par le célèbre Pr Halban. Cette intervention avait pour but de rapprocher le clitoris de l’entrée du vagin afin de déclencher un orgasme par la simple pénétration vaginale, que l’on aurait pu considérer alors comme un orgasme vaginal (alors qu’il y avait en même temps une stimulation indirecte du clitoris, véritable déclencheur de l’orgasme). Ces pratiques sont, bien entendu, abandonnées depuis longtemps, mais la recherche de l’orgasme vaginal est toujours un motif régulier de consultation, malgré les enquêtes comme celle du nouveau Rapport Hite qui ont permis de dédramatiser la stimulation du clitoris, voire de la promouvoir. « La présente enquête montre que la majorité des femmes, même si elles apprécient le coït, ont besoin d’une stimulation spécifique de la vulve ou du clitoris pour atteindre le septième ciel. »

Or avec le  point G, on est bien dans une stimulation intravaginale. Le terme point G (G comme Grafenberg), se réfère à une petite zone située sur la face antérieure du vagin à environ 2 à 3 cm de son entrée si l’on en croit les informations du livre grand public de Ladas et al. paru en 1982 aux États-Unis où il fut un best-seller. Il s’agit en fait de réponses à des questions posées à des professionnels de santé, réponses dans lesquelles l’existence du point G est largement acceptée. Dans le même courant de pensée, ont lieu actuellement aux États-Unis de nombreuses conférences, groupes de travail sur la découverte et la recherche du plaisir féminin. Toute femme peut apprendre à découvrir les secrets de son vagin et son point G, écrit clairement Deborah Sundhal. Il est vrai qu’en consultation aussi, on peut avoir des témoignages sur l’érogénicité de la zone du point G, mais ce n’est pas ce qui affirmera sa réalité anatomique.

Et si la question ne se posait pas ?

C’est pourquoi, le travail de Foldes et Buisson est utile pour nous permettre de mieux objectiver tous ces phénomènes. Par le biais de  recherches en imagerie médicale ils se sont lancés vers une meilleure connaissance de l’anatomie clitoridienne,  afin de mieux appréhender les dysfonctions sexuelles féminines. En effet, si leurs études en résonance magnétique nucléaire (RMN) ont confirmé un gonflement important du clitoris durant l’acte sexuel, l’échographie leur a permis de démontrer que les corps clitoridiens descendent et s’adossent en regard du point G lors des contractions du plancher pelvien. L’association des phénomènes vasomoteurs et neuromusculaires déclenchés par une pénétration vaginale pourrait donc entraîner gonflement, descente, adossement et protrusion des corps clitoridiens en regard du point G expliquant ainsi sa sensibilité particulière et son implication dans le déclenchement de l’orgasme. Le point G décrit par Grafenberg, en 1950, serait alors davantage une entité anatomofonctionnelle qu’une entité anatomique ou histologique. Par ailleurs, toute pathologie perturbant les rapports de la paroi vaginale antérieure avec les corps clitoridiens (vieillissement, traumatismes des organes génitaux externes ou internes), pourrait altérer la qualité de la réponse sexuelle féminine. Ce travail a l’avantage d’avoir défriché un terrain inexploré, mais de plus les auteurs ont réussi à réconcilier les femmes clitoridiennes avec les femmes vaginales. Peut-être que cette question sera bientôt caduque. Le plaisir vaginal s’avèrerait en effet d’origine clitoridienne avec pour point de départ cette fameuse zone G par le biais d’une stimulation des corps clitoridiens.

Le vagin, ce grand inconnu

Mais encore faut-il bien connaître son vagin afin de découvrir ces zones en contact avec les corps clitoridiens capables de déclencher un orgasme  Le témoignage de Gina, 33 ans, pourrait donner espoir à plus d’une femme à la recherche d’un plaisir différent :

« Pendant longtemps, j’étais frustrée en faisant l’amour. Bien sûr, je prenais du plaisir, mais impossible d’avoir un orgasme. Je ne jouissais que pendant les préliminaires, quand on stimulait mon clitoris. J’avais le sentiment de ne pas vivre ma sexualité à fond.

Un jour, alors que j’étais en amazone sur mon mari, je me suis penchée légèrement en arrière. Et là, ça a été le déclic ! En 5 minutes, j’ai connu deux orgasmes à la suite sans stimulations directes du clitoris. Wahou, quelles sensations ! C’était intense et plutôt long. J’avais l’impression que dans cette position, je pouvais contrôler mon plaisir. En fait, je venais de découvrir la fameuse zone G. Autant vous dire que depuis ce jour-là, j’use et j’abuse de cette posture au lit. Et ça marche ! »

Ainsi telle Gina, il est possible de gouter à des sensations nouvelles grâce à une meilleure connaissance de soi et de son corps. Si l’on se réfère à sa localisation anatomique médicale, la surface sensible du vagin se situerait sur la « face antérieure du vagin, à mi-chemin entre l’os du pubis et le col utérin à quelques trois centimètres de l’extérieur du vagin ». Mais, à moins d’êtres expertes en anatomie, de telles indications semblent difficiles à suivre et surtout inaccessibles. En effet, d’autres indications relatives à l’emplacement de cette zone érogène vaginale ou zone G si l’on veut la nommer ainsi, bien que moins scientifiques, mais entre nous bien plus pratiques, en  permettraient une découverte facile. Il ne s’agit plus de rechercher un point perdu dans un tunnel obscur inconnu de la majorité des femmes mais de se connaître enfin sur le bout des doigts. Partir à la recherche du point G serait donc l’alibi idéal afin d’accéder à une meilleure connaissance de ses organes génitaux et de son corps.


Fiche technique

La meilleure manière de trouver son Point G : Y aller avec les doigts

Pour l’hygiène il est indispensable d’avoir les ongles courts et les mains propres. Cherchez-le en pensant que votre vagin est comme une horloge. Situez-le entre 11h et 13h en sachant que 12h se trouve sur votre nombril. Placez les doigts comme si vous vouliez faire signe à quelqu’un de s’approcher. Vous sentirez une zone rugueuse et gonflée : voilà ce qu’on appelle le point G. Il suffit maintenant de le connaître et de commencer à le sentir.

Si le point G est plus ou moins sensible selon les femmes, son potentiel érotique se travaille : une fois bien repéré, connu, et stimulé, il permet d’accéder à une jouissance plus intense, plus voluptueuse et plus longue.


Fiche Anatomique : Le point G

C’est une zone située à la face antérieure du vagin, à mi-chemin entre l’os du pubis et le col utérin à quelques trois centimètres de l’extérieur du vagin. Surface plus ou moins gonflée et rugueuse, de 2 à 3 cm, dont la taille augmente avec l’excitation sexuelle.


A la quête du Graal

Le point G ou la zone G est donc situé sur la paroi antérieure du vagin, derrière l’os du pubis. Il est en général à la moitié du « chemin » entre l’entrée et le fond du vagin, soit à 4 cm de l’entrée. Mais chaque femme étant unique, il peut aussi se trouver juste à l’entrée, ou tout au fond. Pour guider votre partenaire vers le plaisir, il est utile que vous repériez cette zone érogène. Vous pouvez aller à sa rencontre en introduisant un doigt légèrement recourbé vers le ventre dans votre vagin. A 4cm environ, vous trouverez votre peau moins lisse, voire rugueuse. En frottant cette zone un certain temps, vous ressentirez une envie d’uriner, et la peau se gonfler et durcir, en raison de l’afflux de sang. Selon les femmes, cette stimulation peut être agréable spontanément, ou le devenir avec le temps.

Par ailleurs, cette zone gagne en sensibilité si le clitoris a été préalablement stimulé puisque son potentiel érogène repose sur son contact avec les corps clitoridiens gorgés de sang car excités. Seule ou avec votre partenaire, répétez l’exercice précédent ou guidez sa main et son doigt. Le point G doit être excité de façon plus prolongée et plus intense que le clitoris, soit par des mouvements de va-et-vient ou circulaires…soit par de petits coups ou d’une légère pression plus ou moins rapide…vous devez tout simplement trouver votre mode et votre rythme.

Et surtout ne baissez pas trop vite les bras (ou les doigts dans ce cas particulier) : en provoquant une sensation étrange, semblable à l’envie d’uriner, il est fréquent que les femmes, craignant une situation quelque peu gênante, stoppent tout mouvement pendant l’excitation… et passent à deux doigts de l’orgasme. Prenez vos précautions avant et armez-vous de votre patience. Si le plaisir n’est pas immédiat, il ne devrait pas tarder à se manifester pour le plus grand bonheur des deux partenaires.

Du plaisir manuel au plaisir coïtal

La stimulation de la paroi antérieure du vagin durant la pénétration sera au début moins évidente que celle à l’aide des doigts. De toute façon, combinez les premières fois caresses clitoridiennes et pénétration afin d’accéder à l’orgasme. Et surtout, ne vous focalisez pas sur l’obtention à tout prix d’un orgasme, concentrez-vous plutôt sur vos sensations et votre plaisir. Il existe des positions particulièrement favorables pour atteindre l’orgasme grâce à la zone G. Dans la posture la plus fréquente dite du missionnaire (la femme sous son partenaire), la paroi antérieure du vagin est moins sollicitée à moins de soulever le pelvis pour en faciliter l’accès : placer des oreillers sous le bassin pour le remonter ou appuyer les jambes sur les épaules de votre partenaire. Par ailleurs, une pénétration vaginale par l’arrière sans qu’elle soit profonde (rappelez-vous que votre le dit point G est à l’entrée du vagin, non au niveau du col de l’utérus.) favoriserait la stimulation de cette zone. Enfin, la position « suppine » (vous chevauchant votre partenaire) vous permettra de contrôler la pénétration tant la profondeur que le rythme et, en même temps, vous ou votre partenaire pourrez caresser le clitoris

Carla, 27 ans, nous raconte son expérience personnelle :

« J’ai découvert avec mon ami actuel un autre orgasme. Nous avons une relation très passionnelle et je n’ai jamais eu autant de plaisir avec un homme. Quand il me pénètre dans une certaine position, je ressens de très fortes sensations. Je ressens comme une sorte d’envie d’uriner, puis, mon orgasme vient, accompagné d’une perte de liquide très importante. Heureusement que j’avais lu certains articles concernant l’éjaculation féminine et  les femmes fontaines, sinon, je me serais inquiétée ! »

Ce dont témoigne Carla, n’est point une anomalie mais une conséquence logique de la stimulation de la paroi antérieure du vagin et des organes avoisinants. En effet, la zone  G étant située juste derrière l’urètre, tube qui permet à l’urine de sortir de la vessie, elle peut être à l’origine de sensations spéciales quand, dans certaines positions, le pénis vient appuyer dessus. Quand il est stimulé suffisamment, l’orgasme qui en découle est accompagné d’une émission de liquide qui sort par le même orifice que l’urine (le méat urinaire), et non par le vagin. On parle parfois d’éjaculation féminine.  Il semblerait que ce phénomène d’éjaculation varie d’une femme à l’autre, allant de quelques gouttelettes indécelables à d’importantes quantités de liquide. Liquide inodore, incolore, qui ne ressemblerait en rien à l’urine, mais se rapprocherait plutôt du liquide séminal masculin. Ainsi, l’émission liquidienne est imperceptible chez une majorité de femmes, mais plus impressionnante chez d’autres amenant à la désignation plus poétique de « femme fontaine » utilisée la première fois par la psychanalyste Frédérique Gruyer.

Qu’en est-il des méthodes d’ampliation du point G

On peut donc penser que l’ampliation du point G, par des techniques d’injections en facilitant le contact de la paroi vaginale avec les corps clitoridiens, améliore les conditions mécaniques nécessaires (mais non suffisantes !) à l’obtention d’un orgasme. Ces techniques d’injections ainsi que l’utilisation du caractère hydrophile et volumateur de produit tel que l’acide hyaluronique réticulé pourraient trouver de nouvelles indications. De futures recherches sont nécessaires pour venir confirmer cette hypothèse. L’échoguidage devrait permettre de repérer l’endroit optimal pour une ampliation efficace, mais aussi pour prévenir les blessures vasculaires et urétrales d’un geste aveugle et optimiser le potentiel thérapeutique prometteur de ces techniques.


Fiche anatomique : Le clitoris

Le clitoris se trouve à l’intersection et au sommet des petites lèvres, protégées par les grandes lèvres. De même origine embryonnaire que le pénis, le clitoris présente une structure identique : corps caverneux, corps spongieux, prépuce (ou capuchon) et gland.

Le gland, recouvert par le capuchon,  constitue la partie visible du clitoris entre les petites lèvres. Il ne mesure qu’entre 0,5 et 1 cm.

Ce que l’on sait moins, c’est que la tige, la partie invisible, peut mesurer jusqu’à 10 cm de long, et de 3 à 6 cm de large. Elle se scinde en deux longues racines qui vont entourer les bords latéraux du vagin.  Le clitoris possède de plus une vascularisation abondante qui le rend érectile. C’est également l’organe le plus sensible qu’on puisse trouver chez l’être humain avec 8 000 terminaisons nerveuses au niveau du gland (en comparaison le gland du pénis n’en possède « que » 6 000). Lorsqu’il est stimulé, il déclenche une ouverture et une lubrification du vagin.

Selon certaines études récentes, les « bulbes du vestibule » — structure symétrique autour du vagin et de l’urètre — appartiennent également au clitoris. Ainsi, le clitoris ne ressemblerait ni à un bouton, ni à un petit pois, mais à une poire.


Leur point G

A ce jour aucune étude anatomique n’a été réalisée à ce sujet. Cependant, par analogie avec la zone prostatique féminine équivalente, il est de plus en plus courant de nommer la zone de la prostate masculine accessible au toucher « point G masculin » (parfois appelé point P). Il est situé près de l’urètre et de la prostate, à l’intérieur du rectum, sur la paroi antérieure, celle qui sépare le corps de la verge de l’anus.

Certaines études démontrent que la stimulation de cette zone peut procurer une forme d’orgasme différent de l’orgasme pénien.

Tous les orgasmes se valent

Il est utile toutefois de rappeler que les études effectuées en laboratoire ont prouvé qu’ « un orgasme est un orgasme », et que tous les orgasmes se valent quelle que soit la façon dont on y parvient, et sans aucune corrélation avec la santé mentale ou la maturité émotionnelle. Alors, si votre quête reste vaine, cela ne vous prive pas de vivre jouissance et extase encore et encore…En somme, au lieu de nous acharner à déshumaniser la chose sexuelle et à la décortiquer, laissons-nous surprendre au quotidien par le plaisir sous toutes ses formes…

Dr. Sandrine Atallah