Les dyspareunies masculines
Lorsqu’on parle de dyspareunies ou de douleurs pendant les rapports sexuels, on attribue généralement ces douleurs à la femme et non à son partenaire. Pourtant les dyspareunies masculines existent quoique moins fréquentes.
Souffrance sous-estimée, la dyspareunie masculine consiste en des douleurs de la verge lors des rapports sexuels et en dehors de l’éjaculation.
Des douleurs le plus souvent bénignes mais qui inquiètent beaucoup
Les dyspareunies masculines d’ordre psychologique voire psychosomatique existent au même titre que les dyspareunies psychogènes féminines. Quant aux causes organiques incriminées, elles sont souvent bénignes mais il est important de ne pas passer à côté d’une lésion plus grave d’ordre cancérogène.
· Les courbures acquises de la verge ou maladie de La Peyronie
Elles sont dues à une plaque de fibrose de l’enveloppe des corps caverneux. Progressivement cette plaque de fibrose peut s’épaissir et se calcifier entraînant une courbure de la verge en érection plus ou moins importante pouvant rendre la pénétration difficile voire impossible.
Cette déformation d’abord modérée peut évoluer petit à petit, en plusieurs années, vers une déformation plus marquée. Des douleurs peuvent survenir lors de l’érection, accompagnées parfois d’un trouble de l’érection en aval de la plaque.
La maladie de La Peyronie est une affection bénigne dont la progression se fait sur quatre à cinq ans environ. Dans 25% des cas, la plaque régresse spontanément sans traitement. D’autres nécessiteront un traitement chirurgical si la déformation est trop importante et gêne la pénétration ou en cas de sévères troubles de l’érection.
· Dyspareunies post-chirurgie réparatrice de La Peyronie
· La fracture de la verge ne doit pas être confondue avec la maladie de la Peyronie.
La fracture de la verge survient parfois au cours du coït lors d’un changement de position trop rapide ou trop brutal, verge en érection. Cette déformation brutale de la verge s’accompagne de douleurs très intenses.
· Le phimosis ou rétrécissement de l’anneau préputial
Lors de l’érection, le prépuce ne peut se rétracter derrière le gland du pénis et peut être à l’origine de douleurs coïtales. Le phimosis peut être consécutif à une étroitesse du prépuce, à des lésions provoquées par des décalottages forcés, à une infection, à une tumeur du pénis, à un diabète…
Parfois, le phimosis se résorbe par rétraction manuelle du prépuce, avec une éventuelle lubrification ou désinfection. Dans les cas de phimosis peu sévères, une intervention bénigne d’agrandissement du prépuce suffit. Dans les cas plus prononcés, la circoncision est la meilleure alternative.
Le phimosis peut entraîner une complication spécifique: le paraphimosis.
· Le paraphimosis
Le paraphimosis est un état physiologique et médical de situation de blocage du prépuce sur le pénis, derrière le gland. Le paraphimosis est une urgence médicale, mais l’on peut tenter au préalable une procédure simple assez efficace : verser de l’eau fraîche (non glacée) sur la verge réduira son volume. Comprimer alors le gland oedématié entre le pouce et les doigts et remettre le prépuce en place sur le gland, tâche facilitée par l’usage d’un lubrifiant médical.
· La rupture du frein
Cette rupture survient sur un frein trop court de façon brutale lors d’un rapport sexuel accompagnée d’une douleur aigue et d’une hémorragie importante bien que bénigne. Le frein peut cicatriser et rompre plusieurs fois. Les cicatrices résiduelles sont parfois douloureuses et chronicisent la dyspareunie après l’épisode aigu traumatique. Une plastie d’allongement du frein sous anesthésie locale résout le problème.
· Les affections dermatologiques et infectieuses de la verge
Lichens scléro-atrophiques, lichen plan, dermatite irritative (par manque d’hygiène), dermatite caustique (par excès d’hygiène) et balanites chroniques (inflammation du gland sous le prépuce due à une hygiène déficiente ou excessive) peuvent être à l’origine de dyspareunies surtout par le biais d’un phimosis ou d’un paraphimosis.
· Certaines dyspareunies ont pour une origine une hypersensibilité du gland associée à d’autres difficultés sexuelles ou à des facteurs psychogènes.
Qu’en est-il des douleurs lors de l’éjaculation ?
Elles sont souvent d’origine infectieuse (IST, infection urinaire, urétrite, épididymite, prostatite…) ou en lien avec un rétrécissement ou une sténose urétrale (post-chirurgicale, post-infectieuse, congénitales, hypertrophie bénigne de la prostate…). Elles sont souvent associées à des troubles mictionnels (brûlures urinaires, gêne mictionnelle…).
Conclusion
Les dyspareunies peuvent perturber sérieusement la vie sexuelle, psychologique et relationnelle, il est donc important de consulter et d’en parler car un traitement médical ou chirurgical est, en règle générale, efficace.
Dr. Sandrine Atallah