Pourquoi les hommes passent-ils sous le bistouri ?
La phalloplastie, ou chirurgie du pénis sous toute ses formes : allongement, élargissement, redressement…serait la seconde chirurgie esthétique pratiquée chez les hommes après la liposuccion ! En effet, prés d’un homme sur deux est persuadé que son pénis est trop petit et souhaite en avoir un plus grand. Répondre à la demande de ces hommes est-il justifié et surtout, est-ce efficace ?
Un syndrome masculin
L’angoisse de n’avoir pas été assez bien doté par la nature, surnommée “le syndrome du vestiaire” en référence aux complexes ressentis dams les vestiaires en compagnie d’une gent masculine mieux équipée, poussent certains hommes à se cacher honteusement du regard des autres. Longueur, largeur, forme… la taille de leur sexe est sujet à maintes remises en question. Certains hommes développent même une véritable phobie de montrer leur sexe jusqu’à être bloqué dans leurs rapports sexuels. Une dysmorphophobie, cette obsession d’être laid et mal formé, s’installe sournoisement dans le lit de ces hommes. En effet, dix pour cent des dysmorphobies sont rattachés à la crainte obsédante et injustifiée d’avoir un petit sexe. Cette obsession débute souvent à l’adolescence lorsque le jeune adolescent se compare aux stars des films pornographiques.
Aujourd’hui, les chirurgiens affirment qu’il est possible de répondre à la demande de ces hommes mal dans leur peau et ce grâce à la chirurgie esthétique. Alors, quelles sont les interventions possibles sur le sexe masculin ?
La taille du pénis en chiffres
La taille moyenne du pénis au repos est d’environ de 7 à 11 cm La circonférence d’un pénis au repos est de l’ordre de 7,5 à 10, 5 cm La taille moyenne du pénis en érection est de 10 à 16 / 18 cm environ Le micro-pénis correspond à un pénis de petite taille, qui ne dépasse pas 8 à 9 cm en érection à l’âge adulte |
« J’ai 27 ans, je suis très sportif et j’ai tendance à soigner mon aspect. Je reconnais que j’aime me sentir observé et admiré lorsque je me rends à la plage ou à la piscine cependant j’avais conscience d’une partie de mon corps qui rompait un peu avec le reste, c’était mon pénis. Non circoncis, je trouvais ce petit bout peau qui pendait, véritablement inesthétique. Depuis que j’ai eu recours à la circoncision, je me sens libéré d’un grand poids. Je suis seulement déçu que contrairement aux promesses de mon chirurgien, cela ne m’a pas permis de mieux contrôler mon éjaculation rapide» Khalil
La circoncision
Souvent pratiquée pour des motifs religieux, elle est aussi pratiquée en cas de prépuce trop serré ainsi que pour des raisons esthétiques. Dans le premier cas de figure, deux types de chirurgie sont envisageables : la circoncision qui ôte entièrement le prépuce ou la plastie du prépuce qui permet son élargissement tout en le conservant. Dans le cas d’une demande esthétique, une circoncision complète est alors conseillée.
Le geste chirurgicale
Sous anesthésie, le chirurgien va enlever complètement le prépuce en le découpant autour du gland.
En «post-op»
Après une brève période de cicatrisation (souvent désagréable), le gland n’étant plus recouvert de peau, reste en permanence au contact de l’air. Au début de la convalescence, cela peut entraîner des sensations déplaisantes qui s’atténuent et disparaissent assez vite. Par ailleurs, la sexualité des hommes circoncis ne semble pas présenter d’amélioration notable vis-à-vis du temps d’éjaculation.
« Ma vie sexuelle a commencé dans la douleur et le sang. Jamais je n’oublierai cette scène apocalyptique qui s’est avérée par la suite d’une piètre banalité. Je courus affolé aux urgences, le sexe ensanglanté, persuadé que je ne referai plus jamais l’amour. L’urologue de garde me rassura et me fixa un rendez-vous pour une plastie du frein. J’acceptai à demi convaincu. Aujourd’hui, je suis marié et père de deux enfants. » Bassam 32 ans.
La plastie du frein
Certains hommes présentent un frein très court qui se rompt lors de la pénétration. La blessure en elle-même ne présente rien de grave mais s’accompagne d’une vive douleur et d’un saignement impressionnant. Parfois, la rupture spontanée résout le problème, mais pour d’autres, une petite intervention est de mise.
Le geste chirurgical
Le chirurgien opère au niveau du frein afin de permettre une pénétration facile sans étirement ni déchirure. Il s’agit d’une simple incision transversale qui ne ressemble en rien à une circoncision.
En «post-op»
Au décours de la chirurgie, le frein étant une zone érogène extrêmement sensible est le siège de sensations désagréables voire pénibles. Heureusement, la plaie cicatrise très rapidement… et une fois la sexualité remise en route, le plaisir est au rendez-vous.
« Il m’a fallut deux ans pour oser consulter. Pendant la masturbation j’avais du mal à décalotter mon pénis. Mais je croyais que c’était bien fait pour moi et que c’était une sorte de punition par ce que me masturbais. Jusqu’à ce qu’un ami m’avoue qu’il souffrait du même problème et qu’une simple intervention l’avait soulagé. Parler de son sexe est si difficile que cela peut créer des handicaps. » Jean-Pierre, 21 ans.
La plastie du prépuce
Quand le prépuce est trop étroit sur le gland, décalotter devient difficile et douloureux. Cependant, chez un garçonnet de moins 5 ans, décalotter est naturellement difficile. Attention, il ne faut pas forcer à cet age car cela peut entraîner de petites lésions. Après 5 ans, il faut expliquer à chaque petit garçon comment décalotter lors de la toilette pour nettoyer en dessous du prépuce.
Le geste chirurgical
Le chirurgien incise le prépuce afin qu’il cicatrise sous un diamètre plus large.
En «post-op»
Les suites chirurgicales de la chirurgie pénienne ne sont jamais agréables. Cependant, une fois cicatrisé, le prépuce élargi permet un décalottage aise et une activité sexuelle normale.
« La taille de mon pénis me complexait énormément. Je fuyais les contacts sexuels par tous les moyens car je sentais la déception des femmes avec qui je maintenais des rapports même-ci elles essayaient de me le cacher. J’ai aussi souffert des critiques à voix basses dans les vestiaires, je savais qu’elles m’étaient adressées. J’ai subi trois chirurgies afin d’allonger, hélas, tous les résultats étaient décevants. Le dernier urologue que j’ai consulté, m’a conseillé de débuter une psychothérapie. Selon lui la taille de mon organe était tout à fait dans les normes. La thérapie m’a beaucoup. Maintenant, je me sens un homme normal, j’ai repris de l’assurance avec les femmes et les moqueries infantiles des vestiaires n’existent plus. J’ai même observé de la jalousie de la part de certains envieux du nombre de mes conquêtes. Cela m’a pris deux ans de traitement psychothérapeutique pour comprendre et être convaincu que le plus grand organe sexuel est en fait le cerveau. » Gilbert, 32 ans
Allongement du pénis
Nombreux sont les hommes obsédés par la taille de leur organe qu’ils considèrent trop petite… et ce le plus souvent à tort ! Les méthodes chirurgicales existent, mais ne sont indiquées médicalement que si la longueur de la verge au repos est inférieure à 5 cm. A ce moment-la, nous parlons de micropénis. Souvent la demande relève de l’esthétisme et non d’une dysfonction sexuelle. En conséquent le résultat obtenu est décevant. En effet, l’intervention chirurgicale permet de gagner quelques centimètres au repos mais n’améliore en aucun la taille du pénis en érection.
Le geste chirurgical
Le pénis est attaché à l’os du pubis par un ligament très solide. Ligament qui peut être partiellement section, allongeant virtuellement le pénis qui semble ressortir un peu plus. Or sa longueur réelle ne varie pas.
Il existe une seconde alternative pour les hommes en surpoids : la lipoaspiration au niveau du pubis. Aspirer une graisse trop abondante permet de mettre plus en valeur la taille de la verge.
En «post-op»
Ces interventions permettent de gagner un à deux centimètres en moyenne sur une verge au repos. Cela est dérisoire, mais parfois suffisant pour un homme souffrant. Gagner plus est quasi-impossible car sectionner plus le ligament entraîne un défaut esthétique très gênant : un pénis en battant de cloche : en érection, la verge pointe vers le bas au lieu de se dresser fièrement. On appelle cela
« J’avais un micro pénis. Mon sexe mesurait moins de 5,5 cm au repos. Il m’était t vraiment difficile à vivre avec. J’y pensais tout le temps. Consulter m’a permis d’avoir des renseignements sur mon cas, pour savoir ce que je pouvais faire, quelles opérations étaient possibles. Le chirurgien qui a étudié mon cas a tout de suite cerné mon problème. Il m’a conseillé un allongement pénien associé à un lipofilling, pour à la fois élargir mon pénis et l’allonger. Je vais beaucoup mieux maintenant. Je m’ouvre aux autres, et j’ai retrouvé confiance en moi. »
Elargissement du pénis
Dans les demandes d’élargissements existe différents facteurs qui motivent le patient, au premier rang desquels l’histoire affective et sexuelle, notamment. Très souvent, la problématique le travaille depuis son plus jeune âge. L’homme exprime un mal être dans son vécu relationnel et conjugal. Et quand après quelques années il n’est toujours pas satisfait de sa vie sexuelle, parfois après une séparation, il consulte. Pour certains un pénis trop mince est synonyme d’un réel manque de confiance en soi, notamment pour aborder une femme. D’autres ne s’aventurent même plus à séduire, ils s’isolent et souffrent en silence. Or ces hommes n’ont pas de problème purement sexuel mais à plus ou moins long terme, une dysfonction sexuelle en découle.
Le geste chirurgical
Le chirurgien va lipoaspirer de la graisse, le plus souvent au niveau de l’abdomen, là où les cellules adipeuses s’accumulent le plus. Puis, il injecte cette graisse sous la peau du pénis pour lui donner du volume.
En «post-op»
Les résultats ne sont ni réellement esthétiques ni durables. La graisse seulement injectée sur la tige du pénis et jamais sur le gland donne l’impression d’un tout petit gland comparativement à la tige du pénis qui a été élargie.
Par ailleurs, la graisse a tendance à se résorber de manière irrégulière. La verge paraît donc bosselée, et inesthétique. Enfin, cet élargissement graisseux est de consistance molle. Donc, en érection, la rigidité est compromise. Au total, une intervention fortement déconseillée.
A savoir
La taille du pénis au repos n’a aucune relation avec sa taille en érection. La taille du pénis n’a aucune incidence sur la fertilité. Le plaisir d’une femme n’est pas lié à la taille du pénis de son partenaire La majorité des zones érogènes sont à quelques cm seulement de l’entrée du vagin L’accès aux zones érogènes du clitoris et du vagin ne dépend pas de la taille du pénis |
« Depuis l’âge de la puberté, j’avais remarqué une courbure importante de ma verge et par pudeur, je n’en ai parlé qu’à 17 ans pour la première fois. Malheureusement, je suis tombé sur un médecin peu à l’écoute qui s’est fait plaisir en me faisant une plastie de frein d’abord puis une circoncision ensuite avec reprise de la plastie qui n’était pas satisfaisante. Résultat nul car aucun changement côté courbure. J’ai reconsulté par la suite un autre chirurgien qui a diagnostiqué une courbure congénitale qu’il a opéré avec succès. Depuis ma vie s’est transformée, j’ai enfin pu faire l’amour librement et sans complexes » Rabih, 24 ans
Redressement du pénis
Plus fréquentes qu’on ne le pense, les courbures congénitales se manifestent par une déviation de la verge lors de l’érection alors que la courbure est inapparente au “repos”.
Deux types de malformation sont décrites : les courbures ventrales avec déviation de la verge vers le bas. Elles sont en général secondaires à la présence de tissu fibreux entre les corps caverneux et le corps spongieux. Et les courbures latérales liées à un développement asymétrique des corps caverneux (les 2 corps caverneux sont situés de chaque cotés de la verge, ils se remplissent de sang lors de l’excitation sexuelle, ce qui produit l’érection). La prise en charge chirurgicale des courbures congénitales se fait en fonction de la demande des patients, le plus souvent entre 20 et 30 ans. La demande peut exprimer un souci esthétique pur (avec parfois un retentissement psychologique sur la sexualité) ou être secondaire à des difficultés de pénétration lorsque la courbure est prononcée.
Le geste chirurgical
Dans les deux cas, le traitement est chirurgical. L’intervention consiste soit à enlever la fibrose ventrale soit à raccourcir le corps caverneux opposé à la déviation.
En «post-op»
Les suites opératoires sont quasiment nulles. Les résultats esthétiques et fonctionnels sont en général excellents au prix d’un raccourcissement de la verge d’un à deux cm, sans retentissement sur sa rigidité. Les complications dont la principale demeure l’échec avec récidive complète de la courbure sont rares.
« Alors que j’approchais la cinquantaine, on m’a diagnostiqué un diabète que j’ai dû commencer à stabiliser à l’aide de médicaments. Parallèlement, j’ai également commencé à ressentir quelques pannes sexuelles, des problèmes d’érection de plus en plus fréquents et de plus en plus importants… Après avoir consulté mon médecin, j’ai compris que ce phénomène, pour une part dû à l’âge mais aggravé par le diabète, était irréversible… Fort heureusement, sont arrivées à ce moment sur le marché, les fameuses pilules bleues que j’ai utilisées avec une réelle satisfaction durant quelques années… Malheureusement, toutes les bonnes choses ayant une fin, l’effet de cette médication orale s’est peu à peu estompée jusqu’à devenir presque inefficace… si bien qu’en 2008 mon médecin m’a proposé les injections intra caverneuses, que j’ai essayées avec succès mais sans grand enthousiasme, vu la barbarie de la thérapie ! Au point que j’ai envisagé l’intervention chirurgicale. L’intervention s’est fait en avril 2010 : 4 jours d’hospitalisation, 4 semaines d’arrêt de travail et, 6 semaines plus tard, mise en service de l’implant. Après quelques autres semaines d’adaptation, j’ai pu de nouveau recommencer à avoir des rapports sexuels complets, malgré néanmoins une certaine sensibilité un peu gênante au début. Et un an plus tard, le bilan est largement positif puisque j’obtiens maintenant, «à la demande», des érections rigides et surtout durables qui me permettent de nouveau une sexualité ordinaire tout à fait satisfaisante. » Nabil, 67 ans
L’implant pénien
Tel que le décrit Nabil, cette intervention s’adresse aux hommes qui souffrent de sévères difficultés érectiles et chez qui tous les autres traitements moins invasifs ont échoué.
Le geste chirurgical
Sous anesthésie générale, le chirurgien pose deux implants en forme de tiges, un dans chaque corps caverneux. Les prothèses les plus récentes contiennent un liquide et sont reliées à un réservoir. Un dispositif situé dans les bourses permet de gonfler les deux implants qui se remplissent de liquide, provoquant une érection, puis de les vider au moment désiré.
En «post-op»
Les hommes porteurs d’une prothèse pénienne en sont relativement satisfaits. Vu que pour eux, il n’existe plus d’autres solutions. Certains patients opérés témoignent néanmoins de réactions de rejet, car il s’agit d’un corps étranger que l’organisme doit supporter. De plus, la prothèse provoque une érection au niveau du pénis, et non au niveau au gland, qui parait alors plus mou que naturellement. Enfin, le plaisir et l’orgasme sont préservés.
La chirurgie de vestiaires
Si certains sont satisfaits des résultats esthétiques et fonctionnels de leur intervention, d’autres le sont moins. Pour ceux convaincus que leur verge est trop petite ou inesthétique, tentez de prime abord de vous réconcilier avec votre corps. Seuls les problèmes organiques diagnostiqués par un spécialiste trouvent leur solution dans une intervention chirurgicale. Ainsi, notre conseil, avant de foncer à l’aveugle, prenez le temps de la réflexion.
Dr. Sandrine Atallah