Tout savoir sur l’orgasme feminin

Etymologiquement, le mot orgasme vient du grec orgaô « bouillonner de sève et d’ardeur ». Au XVII ème  siècle, il désigne un accès de colère ; au XVIIIe, il est parfois synonyme d’érection avant de prendre son sens moderne « le plus haut point du désir sexuel qui est son aboutissement » (Le Robert).

Physiquement, l’orgasme se traduit par 3 à 15 contractions involontaires du tiers externe du vagin accompagnées de fortes contractions de l’utérus, partant du fundus (fond de l’utérus) vers le col et par des contractions involontaires des sphincters interne et externe de l’anus.

Psychologiquement, il correspond à l’acmé du plaisir sexuel suivi d’une détente extrêmement agréable…

Si tout le monde approuve cette dernière définition, de nombreuses fausses croyances subsistent à ce sujet, croyances qu’il est temps de démystifier…

« L’orgasme vaginal, seul témoin d’une sexualité accomplie, prime sur l’orgasme clitoridien révélateur d’immaturité ».

Postulat formulé par Freud et tellement véhiculé par les psy et les médias qu’il fut considéré comme une vérité absolue.

Or, qu’il soit vaginal, clitoridien, clitorido-vulvaire, utéro-annexiel… il n’y a qu’un seul orgasme, et il émane du cerveau. Cependant, le plus souvent, le plaisir est une réponse du cerveau à des stimuli physiques. Les trois quarts des femmes atteignent l’orgasme grâce à leur clitoris et 20 % jouissent par le biais d’une « simple » pénétration. Certaines, quoique bien rares, ne jurent que par la sodomie…

Il est tout de même utile de préciser que les études effectuées en laboratoire ont prouvé qu’ « un orgasme est un orgasme », et que tous les orgasmes se valent quelle que soit la façon dont on y parvient, et sans aucune corrélation avec la santé mentale ou la maturité émotionnelle. De plus, anatomiquement, le clitoris est bien plus gros que ce petit bouton caché sous son capuchon. En effet, Il est constitué par la réunion de 2 corps érectiles situés pour leur plus grande partie de part et d’autre de l’entrée du vagin, sous les lèvres. Ainsi, la pénétration stimule non seulement la paroi antérieure du vagin mais aussi le clitoris…Cet organe complexe et unique en son genre, semble être le filtre de tous les stimuli sensoriels (vaginaux, clitoridiens, vulvaires, cutanés…) qu’il transmet au « chef d’orchestre », qui n’est autre que le cerveau. Et ce n’est que si les parts conscientes et inconscientes du cerveau sont en harmonie, que l’ « ordre » est envoyé au vagin de produire un orgasme en se contractant… L’on en déduit que toute femme, tout au long de son parcours, aura accès à différentes variétés et différents vécus de ce même orgasme, selon son rapport à propre son corps, l’image que lui renvoie son partenaire, la place de la sexualité dans sa vie, sa capacité à « habiter » son vagin et à « communiquer » avec ce dernier, avec bien sûr le bon interlocuteur… Que la femme qui l’expérimente ait 25 ou 75 ans ne change rien à l’affaire, et la maturité tant de fois invoquée n’entre pas plus en ligne de compte…

« L’orgasme, seul indicateur du plaisir ».

Pour les femmes, contrairement aux hommes, faire l’amour et en éprouver du plaisir n’implique pas obligatoirement jouir à tous les coups. Toutes les conditions favorables au « laisser aller » et à l’extase ne sont pas toujours au rendez-vous, mais ceci, heureusement, n’empêche pas de savourer un moment agréable de partage et de détente, de plaisir et d’intimité tout aussi satisfaisant et gratifiant.

Mais il ne faut pas oublier que le plaisir, phénomène psycho-physiologique, est un apprentissage et n’est pas inné. En cas d’anorgasmie totale, un travail de découverte de soi est à faire, seule, en couple ou en thérapie.

« Je sortais avec Yves depuis huit mois, nos rapports sexuels se passaient très bien, il y avait une bonne harmonie entre nous et nous prenions réciproquement du plaisir. Mais, je n’arrivais pas à avoir d’orgasme pendant que nous faisions l’amour. Je n’atteignais l’orgasme que seule, après qu’il ait rejoint la salle de bain. Pourtant avec Elie, avec qui j’ai été fiancée pendant 7 ans, je jouissais sans difficultés tout au long de la pénétration. Je me suis mise à me poser toutes sortes de questions, à culpabiliser et même à éviter tout contact intime tellement la hantise de ne jouir qu’après, seule, me torturait. Ce n’est que quand j’ai réalisé, à l’aide de mon thérapeute, que j’avais peur de me laisser aller en présence de mon amoureux de crainte de le perdre que j’ai réussi à atteindre le septième ciel avec lui…En effet, depuis que mon ex m’avait quittée du jour au lendemain sans aucune raison valable, je m’étais jurée de ne jamais me marier et je m’ étais convaincue qu’il n’y avait pas de place pour une vie sexuelle avant le mariage…Ainsi, je m’étais auto-interdite le plaisir en couple afin de me protéger d’un nouveau chagrin d’amour… » Rita, 29 ans.

«L’orgasme, le nirvana à tous les coups ».

Contrairement aux idées préconçues, l’orgasme ne ressemble pas toujours à un feu d’artifice, mais peut simplement prendre la forme d’un apaisement. Certaines femmes ne savent même pas qu’elles ont eu un orgasme, en ce sens qu’elles ne sentent pas la contraction des muscles de leur plancher pelvien. Elles atteignent toutefois un sommet d’excitation après lequel elles se sentent détendues et satisfaites, les mêmes sentiments que connaissent d’autres femmes après l’orgasme.

« Au début de ma vie sexuelle, j’ai longtemps simulé l’orgasme afin de satisfaire mes partenaires. C’est avec le temps et une autre conception de mon corps et des relations homme-femme que j’ai changé de sexualité et découvert le plaisir. Aujourd’hui, je privilégie la qualité de la relation érotique. La variété des caresses, l’imaginaire, les fantasmes sont primordiaux. Faire l’amour est quelquefois plus sensuel que sexuel, ou l’inverse. J’apprécie les deux. Ce n’est pas la même jouissance. On ne réagit jamais de la même façon, ni dans son corps ni dans sa tête. J’ai connu des orgasmes très violents, mais que je vivais seulement sur le plan physique, et des moments de pure sensualité, sans “pic” de plaisir mais qui m’ont bouleversée. Je ne cours plus après l’orgasme qui, cela dit, vient plus facilement maintenant. » Mireille, 52 ans.

« L’orgasme simultané, c’est le summum »

Ce mythe est véritablement paradoxal lorsqu’on sait que l’orgasme, qui est une sensation assez violente, peut éclipser l’autre tout autant que le réel.

Cela dit, si la jouissance simultanée n’augmente pas le plaisir en intensité, elle peut l’agrémenter d’une sensation de communion savoureuse. Cependant, rechercher un orgasme simultané à tout prix aboutit souvent au résultat inverse, du fait d’un lâcher prise moins accessible.

« Fantasmer pour accéder à l’orgasme est anormal et pervers »

Quel que soit le scénario imaginé, le fantasme n’est ni révélateur de perversité ni d’infidélité, c’est juste un moyen de plus, un tremplin, pour faciliter la « déconnexion » et le lâcher prise. Il permet ainsi d’élever le niveau d’excitation mentale afin d’accéder au pic nécessaire à l’orgasme. Le fantasme est un enrichissement de l’érotisme permettant d’érotiser par l’imaginaire l’ultime zone érogène qu’est le cerveau. Le fantasme est une caresse de l’esprit.

Statistiques :

70 % des femmes ont besoin de fantasmer pour être excitées.

40 % des femmes ont besoin de fantasmer pour arriver à l’orgasme.

« Quand je fais appel à un fantasme, c’est toujours le même, et ce quand je sens que je vais jouir. Je m’imagine que je suis couchée sur le dos, jambes ouvertes, offerte aux convives masculins d’un festin. Alors on me force à jouir (sans violence) tandis qu’un autre homme est présent et me regarde. On me force, mais je suis consentante ; on m’encourage jusqu’au bout de mon plaisir avec pour consigne de me laisser faire…Ce seul fantasme quand je l’utilise me permet d’augmenter l’intensité de mon orgasme mais je dois avouer que parfois je culpabilise et que je ne l’lai jamais dit a aucun de mes partenaires et  ne le ferai jamais…Je crois qu’il n’est pas bon de tout dire… » Lara, 46 ans.

Jusqu’où il est permis d’aller…

L’orgasme se déroule en trois temps. D’abord, la montée de l’excitation sexuelle, qui devient telle qu’elle déclenche la «crise» : contraction des muscles pelviens, accélération du rythme cardiaque, sensation de chaleur… Une phase de résolution va suivre, les tensions sont apaisées, une sensation de plénitude et de bien-être s’installe, notamment due à la sécrétion d’endorphines qui accompagne l’orgasme. Et à cet éventail de réactions, chaque femme rajoute sa petite touche qui la démarque : certaines éclatent de rire, d’autres esquissent un sourire ou même une larme d’émotion… quand d’autres, dites «femmes-fontaines», versent jusqu’à 50 millilitres d’un liquide inodore. Les réactions physiques associées à l’orgasme féminin sont parfois très accentuées, et peuvent s’accompagner de gémissements, de cris, d’une sensation de perte de conscience… menant la littérature à qualifier l’orgasme de « petite mort ». Et la différence ne s’arrête pas là. En effet, certaines femmes peuvent vivre plusieurs orgasmes successifs sans passer, comme les hommes, par une phase réfractaire. Donc, pas de panique et à bas la culpabilisation : pendant l’orgasme, tout est possible…et chaque femme est unique. A vous d’en jouir et de profiter de vos atouts…

« Je suis plutôt le genre à fermer les yeux et à retenir ma respiration. C’est à peine si j’émets quelques petits gémissements ou une respiration plus intense.

Lorsque c’est vraiment très bon, j’encourage parfois mon partenaire par des petits mots… Je crois que je suis plutôt discrète, voir très discrète ! » Dina, 37 ans.

« Je me suis toujours refusée à taire mon plaisir, mon ressenti et mes émotions. Je m’exprime donc ouvertement : je crie, je griffe, je mordille, je gémis, je tape, je hurle…jusqu’à l’extase » Rima, 42 ans.

« Mon amoureuse pousse un très beau cri très pur et très long qui fuse verticalement puis s’épanouit en un magnifique arc-en-ciel vocal. J’ai connu une amante qui bramait littéralement et la première fois cela m’avait beaucoup impressionné, voire même effrayé. Ensuite je m’y suis fait mais c’était toujours étonnant de l’entendre soudain lancer ce cri rauque et long où plus rien de sa voix douce et sensuelle ne se reconnaissait. » Fadi, 35 ans.

Et le point G dans tout ça ?

Au sujet du point G, on a tout entendu : qu’il serait grand comme une pièce de 500 livres, que toutes les femmes n’en ont pas un, qu’il décuplerait le plaisir, qu’il y a des méthodes pour le découvrir et le développer, ou qu’il ne serait qu’un mythe savamment entretenu par les médias…

Bref, son existence est toujours très controversée. Néanmoins, certaines études se réunissent sur la présence d’une petite zone érogène très sensible, au niveau du tiers externe de la paroi antérieure du vagin tout le long de l’urètre, donc zone accessible quelque soit la taille du sexe de votre partenaire. Mais, si votre quête reste vaine, rassurez-vous, vous êtes peut-être parmi les heureuses élues dont toute la paroi antérieure du vagin serait érogène. A ce jour, si la majorité des femmes sont toujours à la recherche de leur zone G, ce « Graal » si fantasmé, ceci ne les prive pas de vivre jouissance et extase encore et encore…

En somme, au lieu de nous acharner à déshumaniser la chose sexuelle et à la décortiquer, laissons-nous surprendre au quotidien par le plaisir sous toutes ses formes… Afin de la préserver, la sexualité féminine devrait rester un mystère insondable, amalgame de sensualité, d’érotisme, d’imaginaire, d’affect et de ludisme… particulier à chaque femme…

Dr. Sandrine Atallah